|
Frontispice
Olivier Mérijon |
JEAN
LALOU
Jean Lalou, mon ami depuis
25 ans, né en 1922, à Chaville, c'était encore la Seine et
Oise. Il a écrit ses premiers poèmes à 17 ans, étudiant
à cette époque, les règles de l'écriture et la versification.
Quelques mois après son mariage en 1942, il partit en sanatorium.
" Je dois peut-être la vie à ma tuberculose, car beaucoup
sont partis à la guerre et beaucoup n'en sont pas revenus. "
Il fut instituteur puis se passionnant pour la langue anglaise, la langue des
libérateurs, il devint professeur d'anglais.
Edité après
son très bel ouvrage " Fumerolles " paru il y a une dizaine d'années,
ce nouveau livre qui m'a tant touché, regroupe 50 années de
vie.
" Ce sont des vestiges, comme des morceaux de poteries cassées.
"
De la lecture de ses vers, ressort son goût pour les mots, "
Je trouve qu'en prose les mots sont employés bureaucratiquement, en poésie,
ils se renouvellent, meurent, disparaissant pour revenir ; une allégorie
au bonheur d'écrire."
Il m'a souvent dit, qu'à ses débuts,
il était dans la mouvance traditionnelle de la poésie, puis rencontra
Agamemnon, poète ami d'Eluard, futur conservateur du Musée de Mantes,
en leur époque estudiantine qui fut aussi le temps de leurs cadavres exquis.
Agamemnon lui fit rencontrer le surréalisme, qu'il n'aima vraiment jamais
démesurément, mais il y gagna cette magie du goût des mots,
du calembour. Il préféra l'écriture d'Alfred Jarry, Jules
Laforgue, Raymond Queneau et Boris Vian.
De sa poésie, je dirai, qu'elle
est touchante, donc belle, mais étonnante, rieuse et triste à la
fois, à goûter sans modération, parcellaire et tendue.
Hier, il me disait, " j'ai vécu un absolu pour la poésie, puis
un jour j'ai décidé de tout laisser tomber, c'est facile à
dire...Mais ça revient tout de suite. "
MON
ILLUSTRATION
Un texte poétique est toujours un attachement, un attachement
à l'écriture, un attachement aussi à la personne qui a écrit
et qui transmet.
Un livre à illustrer, c'est un accord de musique à
définir dans l'intégrité d'un temps pour un partage sensible.
Lire.
Lire pour accepter l'offrande et le mystère, être
touché et comprendre tout le proche et tout le loin
Pour le peintre,
voir le dessin paraître naturellement.
Voir un ensemble, un tout, en
ligne, en formes, en sensations pour les faire fusionner avec le profond, dire
en couleurs pour une apparence.
Jean Lalou m'a dit, " tu as vu le caché.
".
Je le savais. Je le souhaitais. Peut-être seulement pour me
donner ma confiance, fil de rasoir qui dirige l'élan qui construit.
Donner une illustration au livre, c'est aussi accepter l'attente de le voir paraître,
être à l'affût, de cette seconde ou l'auteur, d'un regard,
accepte ou réfute.
Le livre dans vos mains, se dire aussi que l'illustration
devra s'effacer, pour se mettre en osmose avec le texte, un plein de couleurs
pour transmettre la tonalité.
O.MERIJON
|
|
JEAN
LALOU
GRAINS D'INSOMNIE
Frontispice
Olivier Mérijon
EDITIONS
GERBERT
|
TABLE
Prime
pensée au petit jour........................7
Chien endormi...........................................8
Le printemps une fois de plus ..................9
Un petit tour ............................................10
L'Ascèse difficile.....................................11
Les Crimes
de l'Amour ..........................12
Hiéroglyphes...........................................13
Passe-Temps...........................................14
Signes de vie...........................................15
La Melline élassorée.............................16
Promenades.......................................17-19
Tombe en Gironde..................................20
Edelweiss................................................21
Gémeaux.................................................22
Café-Concert..........................................23
29 avril 1956...........................................24
Légende..................................................25
D'une à l'autre fenêtre le printemps.....26
L'Oiseau Bleu de
Mai...........................27
The Girl-in-the-Key-Hole......................28
Encres.....................................................29
Chanteur invisible..................................30
Babet......................................................31
Nocturne.................................................32
Grèves....................................................33
La pluie...La
pluie... ..............................34
Le Rhino.................................................35
Et j'entendis la musique des anges.......36
Renouveau.............................................37
Le Temps et L'Eternité.........................38
Poste ce Cri(m) Tom..............................39
Hobby Rider...........................................40
Ritournelles détournées...................41-43
Hans Reichel Lied............................44-45
Malfrat-lychee.......................................46
Chambord by night.................................47
Problèmes d'écriture.........................48-49
Grill-Parties............................................50
Juillet en Mars.......................................51
Nos chattes.............................................52
Hommage à
Vivaldi................................53
Hommage à B. M. P. T. ...................54-60
Portrait de Famille..................................61
Liane........................................................61
Sous l'herbe cachée................................62
Amplifique à
sillons................................63
Méduse...................................................64
|
Prime
pensée au petit jour |
merde
je suis réveillé merde
indice
d'un manque en amour
verde rime te quiero verde |
|
- Chien endormi n'a pas de puces.
|
que
monte ici que monte
à l'horizon des mers un long cou de girafe |
-
Viens, Sommeil désiré, ...
Car, d'un voeu non menteur, un bouquet
je t'appreste
De ta chère morelle et de ton cher pavot. |
|
Le
printemps une fois de plus |
April
is the cruellest of months. |
tout
se défait vaille que vaille
dors dors ces jours sont révolus
les feux de joie sont feux de paille
plus long le malheur un peu plus.
de
tout cela que reste-t-il ?
un peu de terre sur les doigts
qui s'essuie
aisément et toi
souvenir qui tient par un cil. |
|
tristesse
qui se promène
sous la neige à petits pas
frôle des
gens ne sait pas
quelle vie et bruit on mène
baisse
la tête- elle a froid
tristesse est une imbécile
le sait-elle
mieux que moi
que vivre n'est pas facile ?
marcher
un peu ça vous change
les idées et ce désir
de jours
vivants quartiers d'orange:
passion logique et plaisir
les oranges sont
de la neige
fondue au premier soupir.
il
tombe lentes des mousses
merveilles de savon quand
dans les arbres le
silence
s'ébroue un peu frissonnant
l'avenue est toute blanche
comme une tombe d'enfant.
et
Tristesse se promène
ombre piteux petit vieux
qui clignote un peu
ses yeux
sous la neige ou sur sa peine. |
|
One
of the most remarkable characteristics of SHERLOCK HOLMES was his power of throwing
his brain out of action... |
John
H. Watson Late of the Army Medical Department |
couper
les secondes en quatre
couper les segondoeufs zan
en 32 en 128
et
plus- néantiser la fuite
du temps surtout ne pas débattre
ni se débattre
Dormir
sans lune et sans soleil
sans mémoire sans lendemain
dormir sans
peur et sans regret
chevalier sans rives sans rêves
dormir fermer
l'oeil de la nuit
dans l'oubli même de l'oubli
il
faudrait rester impavide
ou que drogue les allégeât
aux choses
que la nuit dévide
mais c'est coton de fair'le vide
dans la tête
qui l'est déjà.
têtes
vides ô péninsules délabrées
têtes vides
sont les plus encombrées |
|
Je
cherche le silence et la
nuit pour défleurer ta jeunesse
et que
d'une seule caresse
tu brilles comme brille un plat
rituel de tout ton
éclat.
|
O
douce vierge enfant qu'une nuit a brisée
Tais-toi ! |
|
Dieu
accorda "que le corps d'Athys ne
se corromprait pas... que ses cheveux
continueraient
à pousser et son petit doigt à remuer."
|
P.
Grimal. Dictionnaire de Mythologie |
le
mot qu'on te cacha
de passe comme autel
ou de bonne nouvelle
le mot
qu'on te cacha
du
secret du mystère
donne ta langue au chat
ou ta vie à la
terre
- peu qu'il s'en détachât
Athys
franchit le chas-
donne ta langue au chat
tes songes zà la terre
et tout est résolu
par
le droit de se taire
la langue tu n'as plus
le chat te l'a mangée
ou l'herbe ou l'oranger. |
|
c'est
en n'y pensant pas
que l'on passe le temps
c'est en tassant le temps
que l'on pense le pas
c'est en pensant le pas
que l'on stresse le temps
c'est en stressant le temps
que l'on casse le pas
c'est en cassant le
pas
que l'on tresse le temps
c'est en tressant le temps
que l'on presse
le pas
c'est en passant le pas
que l'on n'y pense plus. |
|
C'était
avant les Nutoiles. |
le
monde laid le mont de lait
ô vieille coupe de déboire
désormais
je ne veux plus boire
de ton maigre verjus violet.
je
vais me bâtir un palais
d'Etoiles Dorées -et d'ivoire-
dansent
demain et ma mémoire
j'ouvre un dancing de feux-follets.
ô
drapeaux en fleurs des guirlandes
voyages ! vers Jacques d'Irlande
éternel
14 Juillet !
Grand
Bal dillapré de pétales
souci pivoine iris oeillet
de milliers
de cartes postales ! *
|
*
un sonnet -qu'il est lent contraint quatrain cursif
ahânnant aux talons
d'un distik bin cisif
d'un seul alexandreux lune hiver en balance
tombe
et le cède à ta beauté dit vain silence. |
|
la
melline des corusants
en dépit des pampres ferlots
fidélisant
par les vallines
s'éguadonne aux guivres guisants
croqueliquez
aux carguelots
croqueliquez ô Catherines !
l'encorbelle
de la melline
s'élassore aux bragues salines
mais tant que talude
et ludoile
titeluneront les jusants
croqueliquez ô Catherines !
cliquefalurez vos fédoiles
et
colicalez colicalez les nutoiles
|
"L'humanoïde
pensait avec les mots de sa langue, mais la télépathie permettait
de comprendre, sous le vêtement des mots, le fond de sa pensée." |
|
I
Tower Bridge
je
suis passé sur ce pont
je suis passé dessous
je suis toujours
aussi con
et toujours sans le sou.
mais je petipatapon
bergère là-dessous
je suis passé
sous ce pont
que le jour était doux !
II
|
les
pierres d'Avila sont roses
rose la poudre du soir sur les collines
et
l'orient léger des oliviers
les
torrents noirs des Asturies |
|
III
Ich
mote come to thee Maria *
sous
les palmes l'orgueil de ces rives fleuries
que je m'ennuie à Lugano
!
et je rêve aux jardins d'Issy-les-Moulineaux
vous y reverrai-je
Marie ? |
* Anonyme anglais XIIIe siècle.
|
|
IV
Vierwaldstättersee
touriste
sur les Ponts de Bois
j'avais mal aux dents à Lucerne
la mort peinte
et Jésus en croix
n'ont pas éclairé ma lanterne
le
mal d'amour -je ne sais pas
ô femmes aimées évasives
ou du Righi dans les gencives
quel est le plus cruel trépas.
le
temps vient de plier bagages:
j'ai vécu plus de 107 ans
ai-je vu
beaux lacs vos images
ou m'y suis-je baigné vraiment ?
nutoiles
mieux qu'étoiles sonnent
déchanter est vilain défaut
les seuls joyaux vrais sont les faux
au moins ils ne trompent personne. |
C'est le
mensonge de la vérité et la vérité du mensonge.
|
Eliphas
Levi in Pendule de Foucault. (Umberto Ecco) |
|
Signe de Vie.
à L... à S... à J... à... |
le
malheureux Lautrec génial mais lènabeau
dont maint petit cognac
embrumait la misère
entends ce qu'il soupire au fond de son tombo
Verdelais ! Verdelais ! Verdelais ! morne verre !
moi je file léger doux filleul du temps beau
ou mieux je file doux
filleul léger du Beau
et ne t'agite pas quand j'ajoute je t'aime *
songe songe qu'un jour nous y boirons de même
à Verdelais Biarritz
Lancastre ou Colombo.
|
*
Entre 1000 détails que le filme déroule
JE T'AIME, en ces jours-là,
c'était AGAINST THE RULE |
|
et
souvent Poësie est
vérité de La Palice
et Vertu qu'on
oubliait
vérite de La Police |
je
veux ajouter l'amour
mais de force il me fait briffer mon calembour |
|
car
ce songeant de même trempe
Pégase le cheval ailé
et
cheval marin l'hippocampe *
paissant aux prés étoualés. |
* Cheval marin cheval de trempe |
|
pOësie
O
pOësie, non ! thune,
sauras jamais, O lune
et l'autre étoile
! aime ! ris !
O mes papiers de vers sO
si, oui, si, many a long year's
itch
lueur être ange en fOrêt,
JE t'aime ou si JE te hait. |
-
O l'Omega, rayon viOlet de Ses Yeux ! |
|
la pluie a cessé
le silence est maintenant léger
léger
souffle |
à
la fenêtre doucement bleue
le jour a retrouvé sa transparence
la première étoile brille sur ton berceau
|
tout
repose
pour une nuit tranquille. |
|
la
rivière avait trop de peine
ses belles eaux gorge diaprée
se gonflent et déborde sa peine
à l'arête des parapets roides
pas une âme ne s'est penchée
sur la belle onde désolée.
et puis le soleil s'est levé
voici flotter son beau sourire
et
la peine s'est en allée
puisque
j'ai compris la rivière.
|
|
D'une
à l'autre fenêtre le printemps
|
dans
le saule réveillé
le merle noir déjeune
de chatons
légers
jaunes comme son bec jaune |
à
peine ai-je parlé c'est un piaf envolé |
frac noir gilet blanc
la pie dans l'herbe jeune
picore
sourient les traricos roses
au jour
doux et léger
est-ce l'éternité ? |
rejoint le nid
à la cîme du peuplier |
|
pluie
jolie aux jupes vives
se coiffe d'herbes fleuries
quand chante l'oiseau
Azur
un oiseau s'appelle Azur
quand il chante verse au bois
le vin léger
du soleil
un oiseau s'appelle Azur
il se nourrit de muguet
sa chanson c'est la rosée
sa chanson ouvre les feuilles
les fenêtres et les ailes
les lèvres
flexibles des femmes
|
|
je
te cherche où tu es où es-tu ?
je te découvre où
tu n'es pas
longtemps cherchée je te cherche
où es-tu ?
sous l'écume de l'aube frémissent
des ailes de myosotis
aujourd'hui le jaseran
a volé dans mes mains vides
l'heure où
le jaseran se meurt
est l'heure où vient le jaseran
aujourd'hui la main d'un enfant
est en confiance dans la mienne
mais où
es-tu ? je te cherche
plus je ne te cherche plus je cherche
où
es-tu ?
|
|
"l'encre
dont je me sers"
-Cocteau dixit- étouffe
le bois dont je me
chauffe
ce peu de feu mes vers |
maintes
fois j'ai trempé ma plume
dans l'espérance et cependant
que ce fût le vent ou la lune
j'ai noirci mon beau papier blanc
à l'encre verte on peut aussi
méticuleusement tracer
les
jeux sans merci ni pleurer
de petits vers désemparés
on ne manque pas d'encriers
ni d'encres -bleue ou rose ou noire-
pour
me rafraîchir la mémoire
moi j'espère un espérancier.
|
|
entends-tu
l'oiseau de mars
comme il chante comme il chante
as-tu vu l'herbe têtue
comme elle est verte l'hiver ?
je connais un bois obscur
où l'oiseau et l'herbe chantent
et le soleil avec la pluie
comme ils chantent comme ils chantent
dans les bois des alentours
entends-tu l'oiseau caché ?
|
|
sainte
Elisabeth
avec sa galette |
un petit morceau
de pain
pour les oiseaux du jardin |
sainte Elisabeth
sa couronne en tête |
une
miette de gâteau
pour Tinn'ta dans son berceau |
le
printemps dans son manteau. |
|
qui
s'étoile s'étiole
qui s'étiole s'étoile |
dans
quels jardins profonds et doux
de vieux velours nous veillez-vous
lucioles
dans le ciel étoiles
dans quels jardins sombres et doux ?
ou n'êtes-vous que faux nitoiles
néons futioles froids bijoux
futoiles dans le ciol écielles étiolées
dans quels violours
profonds et flous ? |
|
l'araignée tend sa toile
dans la boîte à lettres
la
cervelle se poile
peu dans la boîte à l'être |
Je
palpite d'exil dans le coeur des étoiles |
|
la
pluie toujours comme l'absence
et l'oubli calmement ourdi
où le
paysage engourdi
n'espère pas de renaissance
tu verses pour nous bonne pluie
toutes les larmes enfermées
on
s'amuse à des jeux d'esprit
mais toi tu dis la vérité
la pluie est la fille facile
changeant de robe en moins de deux
selon
les yeux selon les jeux
vous tissant des hamacs fragiles
où bercer des songes dociles
qui vous font comme primevères
par la campagne et par la ville
s'épanouir frêles mystères
les goélettes de la pluie
les beaux vers et les parapluies... les parapluies.
|
Un
parapluie ouvert est un beau ciel fermé. |
|
François! François! ma fille l'appelait, déçue.
l'enclos restait vide. |
par
des journaux qu'il était mort de nostalgie
jamais plus jamais plus
dans l'herbe ruisselante
libre -au soleil gourmand griffé d'oiseaux
vermeils
léger François changé en sujet d'élégie
les as-tu retrouvés dans ton dernier sommeil ?
ai-je le cuir plus dur
que le rhinocérus
moi qui ne suis pas mort des paradis perdus ?
- que le rhinocéros des édens perdidos - |
|
"Et
j'entendis la musique des anges" * |
dans
l'herbe haute à l'écart de la route
blotti caché muhet
ravi j'écoute |
au-dessus du
creux où je me tiens coi
il souffle très fort sans savoir pourquoi |
mais il ne dit
rien. il vient dans les feuilles
il ne veut pas dire et sans qu'il le veuille |
c'est
un grand bruit d'ailes. |
moi qui sais
moi qui veux je ne dis rien
je ne dis rien non plus mais c'est moins bien |
dans l'herbe
haute à l'écart de la route
ravi muhet ravi j'écoute |
ce
que le vent ne dit pas
|
* Anonyme limousin XIIe siècle.
|
|
la
mésange a fait son nid
c'est vrai dans la boîte à lettres
de caissette en bois verni
la boîte à naître. * |
*
comme on dit la Salle à Manger |
deux
endroits d'extrême danger. |
|
comme la rosée
elle a passé
comme la rosée
c'est la faute du soleil.
|
ses
lèvres fleur et fruit qui fondent sans mourir |
|
c'est
un dillamant de papier
emblème d'un temps déplillé
tous nos chiffres issant naufrages |
et
nos amours nos amitiés
caravelles pour nos voyages
dans le temps
clos vers des visages des virages
des décryptages des mirages
du
ciné de l'éternitié. |
nous en arrive
par sans-fil
la mer(e) en allée, ô cara
mia ! soleil d'ainsi-soit-il
!
un message à mille carats
l'Eternité c'est des images
qui ne tiennent que par un cil. |
|
j'ai tant cru chevaucher Pégase
ce n'était qu'un cheval de bois
quelles ailes de gaze ! Extase !
j'ai bin cru chevaucher Pégase.
|
plus
haut que l'Ande et les Caucases
plus ivre que de vin d'Arbois
j'ai bin
cru chevaucher Pégase
il n'était que dada de bois. |
O,
for a horse with wings ! |
|
à
fredonner à répéter à la muette
dans n'importe
quel ordre jusqu'à l'indifférence
au non-sens comme au sens
afin
d'apprivoiser le sommeil Longue
est la nuit pour celui qui ne
peut pas dormir |
douceur
mystérieuse de la chatte endormie |
dans
la seule authenticité |
mais
le sommeil n'est pas une divinité |
le
sommeil est une chimie |
je
le dis je le sais et pourtant je le prie |
sommeil
sommeil berce le monde
verse la paix avec l'oubli
que l'existence vagabonde
s'endorme enfin dans ton grand lit
|
voisins
ce sont les rats
qui font que vous ne dormez guère
voisins ce sont
les rats
qui font que vous ne dormez pas |
|
ferme
tes mornes yeux
car les heures sont brèves
au pays merveilleux
du sommeil sans un rê-hêve
ferme tes mornes yeux
ne
pensons à rien le courant
fait toujours de nous des mourants
mais
dans son lit c'est plutôt mieux
que dans les rues quand on est vieux
quand on est jeune aussi bien sûr
que vivre à tout âge c'est dur
ne
pensons à rien le courant
fait toujours de nous des gagnants
dormez
bel ange d'amour
oubliez-nous jusqu'à l'aurore |
voisins
ce sont les rats
qui font que vous ne dormez guère
voisins ce sont
les rats
qui font que vous ne dormez pas |
|
dormez
vieux pantin d'amour
vous oublierez une heure encore
dormez vieux forçat
d'amour
pour oublier jusqu'à toujours
dormez dormez |
mais
qui s'y complaît est encor plus fou |
viens
à moi toi qui conso-holle |
sommeil
cher sommeil sommeil si doux |
sommeil
sommeil berce le monde
verse la paix avec l'oubli
que l'existence peu
profonde
s'endorme au fond de ton grand lit |
sommeil
sommeil ange du monde |
-
SOMMEIL ! - autant de pris sur notre éternité.
|
|
comme
un petit vert
fait chanter le jaune
prendre un petit verre
nous rend
moins atone
l'américain si beau
qui rend les femmes folles
avec sa big bagnole
cet ange des tombeaux
ouverts part pour corps fou.
chauffant ma mémoire
la flamme de l'if
d'un souffle ébouriffe
mes pervenches noires.
l'hirondelle parafe
la page du ciel bleu
l'amour émeut l'émeu
la chatte la girafe
il fait chanter la carpe
diem ô coeur en carafe
sans laisser ton écharpe. |
|
plumes
d'hippogriffes
vols de pétroglyphes
o dessins des dieux
drôles
d'escogriffes
que lit sans bésicles
la bête à bons
yeux.
la cerise l'orange
les figues les pippins
les framboises la mangue
lychees -lychees je veux mourir
du regret bleu de cette fête
si t'aimes tant à pohaimer
plutôt qu'à rimer t'escrimer
bois un coup tu seras Poëte. |
|
la
glycine est en fleurs et la vie en détresse
ô ces matins légers
perdus jamais écrits
je refusai longtemps la rime avec maîtresse
aux yeux d'aube marine et ces reflets des tresses
dansant aux ondes noires
des villes la nuit
si
c'était un beignet qu'ess qu'il serait mal frit. |
|
sous
la lune claire sombre âme
la grand cerf brame dans la brume
la brume
lui brime son brame
et le voyeur là-haut s'enrhume
qu'il se tape
un dog-nose au rhum. |
|
si
je rêve c'est de vivre
ou je n'ai jamais rêvé
mais
la clé qui nous délivre
lime ou crime-où la trouver ?
lisons lisons
c'est en lisant qu'on devient liseron |
Notes
1. pour une fois qu'un vers est de mon cru |
ou
cri
déjà Raymond Queneau * l'avait écrit
ou cru
certes j'ai lu: |
"c'est
en écrivant qu'on devient écriveron" |
rêvant
goulu
j'aurais voulu |
le devancer
fût-ce d'un grain de mouron |
mais
pour ce qui est des gentils volubila
spontanés - là, je doute.
Il se trouve qu'il a
des racines qui, tout jardinier ne le suit
que trop,
s'enfoncent très très profond dans la nuit |
|
tellurique
en deçà des mots et des images
des ruses, des lectures, voire,
de Raymons,
(Raymond Queneau hommage Haut Mage)
saine lecture encor pas
entreprise quand
a fleuri pour moi ce liseron que j'aimond
tand
en conséquence
de quoi j'avance :
peut-être bien
que
m'appartient
cette fleurette
tant mignonnette
peut-être bien
peut-être rien ...
mais je la revendique
dique dique don. |
2.
* En fait c'est chez Maurice Fombeure, ô critique !
3. Bon liseur c'est mieux que mauvais écrivain, non ? |
|
au
mitan herbu de leur antre
marron ni cigarette n'entre
qu'est-ce qu'y grille le grillon
les sardines de l'impatience
aux feux
rouges de l'âpre escience ?
qu'est-ce qu'y lille le lillon
quand sa luronne l'élillonne
la friponne
et papille du papillon
?
or majestudeux ou non
ils sont
majestudeusement cons
les 'ions.
les natifs qui ne sont pas
dépourvus d'intelligence
iront changer
de ce pas
la maison de leur naissance.
|
|
la
cafetière boit du cydre
le chat-luthier chante au lutrin
fesse
d'or brille à la Bastille
l'Oiseau-Bleu en manque son train.
coeur de lilas est une aiguille
sous l'ongle du coeur des minuits
la clef
qui luit dans la clepsydre
au fond du puits referme l'huis
sans souci de la saison brève
que sourcille * l'Horodateur
dans
la tour d'argent dort et rêve
le chat sur le radillateur
jasmin perdu n'a pas d'abeilles
ni pain doré le doigt ganté
Marsile s'embarque à Marseille
la cafetière boit du thé
moi du rosé vienne l'été.
|
*
Curieusement ni Littré ni le Petit Robert ne donnent |
ce
sens transitif de sourciller. |
|
Mon chien s'appelait
Tom et ma chienne Djaly
Ah! que de noms pompeux méritaient mieux l'oubli. |
et
moi c'était nos chattes ... Je les vois encore
si tant de souvenirs
le temps les décolore
l'une c'était Brusquie et l'autre Calico
bien peu de noms aimés
ont en moi tant d'écho. |
|
quand
bêche et pulvéro m'aneztézient la lyre
de printemps et
d'été je n'ai grand goûttàdyre
de
gravité courtoise, or et verte, vêtu
l'automne est bel et trisse
ainsi que l'institu |
l'hiver
se passe auprès du feu
à Rue Manet son Rue Matisse
on y
fume on y boit un peu
beaucoup si l'on est tartisse
quand on le peut quand
on le peut
l'hiver se rêve au coin du feu |
|
abcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmn
opqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzab
cdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnop
qrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcd
efghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqr
stuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdef
ghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrst
uvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefgh
ijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuv
wxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghij
klmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwx
yzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijkl
mnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyz
abcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmn
opqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzab
cdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnop
qrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcd
efghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqr
stuvwxyzabcdefghijklmnopqrstuvwxyzabcdef
ghijklmnopqrstuvwxyzabcdefghijklmnopqrs
|
|

|
On
pourrait sur notre compte au moins dire: |
"
Le groupe BMPT appelé ainsi contre la volonté des artistes
Buren, Mosset, Parmentier, Toroni, qui l'ont fondé et
en contresens à leur travail". |
D.
Buren, M. Parmentier, Propos délibérés, p.19 |
|
noire
tueuse de mésanges
douce au toucher douce aux regards
tiens-tu
tes yeux verts des hagards
mescluns de meurtres que tu manges
ou pas - jeux plaisir de rechange -
torsillonnaire du lézard
voire
vipère de hazard
ô noire et belle mauvaise ange
nie ange ni démon ma chatte
innocente d'âme et de patte
tout
le portrait gracieux de ta
mère Nature que tu flattes
ma féroce
et douce Tinn'ta
|
laine
des nuits livrées à l'oiseau de Minerve
chatte
noire dont l'oeil profond et vert m'observe. |
|
nulle
cloche ne tinta
quand nous l'y avons couchée
ma Tinn'ta
que
je pleure en l'écrivant
ne donne pas sens aux larmes
et cri - vent |
|
jeux
de rimes
jeux de frimes
jeux de malins
jeux de cîmes
jeux d'abismes
jeux de faluns
jeux de rimes
jeux de crimes
jeux de câlin
jeux de frimes
jeux de l'Un
jeux de rimes
chanvre et lin
jeux de vilain
|
|
jaunâtre
fiasque éteinte aux cailloux de la grève |
mais quand la
vague la soulève |
jaseran de la
mer où s'irise le jour |
ainsi de l'âme
et de l'amour. |
Il n'y a pas d'amour malheureux. |
J.-L.
Godard. (A bout de souffle) |
|
Grains d'insomnie
/ Jean Lalou / front., Olivier Mérijon. - Aurillac :
Gerbert, 2000
(15-Aurillac : Impr. Gerbert). - 67 p. : ill. en coul. ; 20
cm.
DL 00-48625
(D4). - 800. - (Br.).
BN
0260181501-02775
|
 |
O.Mérijon et Jean Lalou |
|